Centrafrique : le président Touadéra dénonce un flou dans la nomination des membres de cabinet des ministres
Faustin-Archange Touadéra, président de la République centrafricaine. Photo : RNL/Hugues Florentin Namkoïssé.

Centrafrique : le président Touadéra dénonce un flou dans la nomination des membres de cabinet des ministres

Dans le lot de ses remontrances aux membres du gouvernement à l’occasion du premier Conseil des ministres de l’année 2025, le président Touadéra a dénoncé l’usage abusif des arrêtés ministériels, par lesquels certains ministres nomment leurs proches au sein de leur cabinet sans l’aval du président. Cette pratique, selon le chef de l’État, a des répercussions sur les finances publiques.

Les faits dénoncés par le président de la République sont graves, frôlant même un laisser-aller ou un désordre institutionnalisé au sein du gouvernement Moloua. D’après lui, certains ministres agissent à leur guise, prennent des décisions qui entrainent une surcharge financière au Trésor public. « Vous avez remarqué, monsieur le Premier ministre, que certains actes administratifs, qui nécessitent des délibérations du Conseil des ministres, sont pris directement par des membres de votre gouvernement, afin de contourner le pouvoir du président en matière de nomination », a fait remarquer Faustin-Archange Touadera, citant notamment les « arrêtés en attendant les décrets de régularisation » et les conventions signées sans l’accord préalable du Conseil.

Afin de mettre un terme à cette situation, le Chef de l’État a ordonné au ministre des Finances de ne pas tenir compte des effets financiers de ces arrêtés, déjà à l’origine de conséquences sur les finances publiques. Car, martèle Faustin-Archange Touadera, certains ministres font preuve de mauvaises compétences en gestion : « J’instruis le ministre des Finances de ne pas prendre en compte les effets financiers de ces arrêtés, qui violent la loi et l’instruction présidentielle. À cela s’ajoutent les dysfonctionnements dans certains ministères dus à une mauvaise gestion, entraînant une démotivation du personnel et une baisse de la productivité », a-t-il ajouté.

L’opposition tient le président pour responsable

Pour le président du parti Marche pour la démocratie et le salut du peuple (MDSP), la responsabilité de Faustin-Archange Touadera est également engagée.

« Le président Touadéra a été capable de se rendre à l’Assemblée nationale pour prononcer un long discours, regardant droit dans les yeux les élus de la nation, en leur affirmant que l’état du pays était reluisant, angélique, voire archangélique. Curieusement, dix jours plus tard, c’est le même président qui réunit son gouvernement pour dire aux ministres, toujours droit dans les yeux, qu’ils sont incompétents. Cela revient à nous faire croire que tout est la faute du Premier ministre Moloua. On ne peut en effet penser autrement, puisque c’est le président de la République qui a failli », a fustigé Dominique Désiré Erenon, président du MDSP.

Ce n’est pas la première fois que le locataire du palais de la Renaissance critique l’insuffisance de ces ministres. En janvier 2023, Faustin-Archange Touadera avait déjà mis en garde ses ministres contre certains dérapages, tout en les exhortant à rassurer les Centrafricains par des actions concrètes.

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