« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère !» Forte de cette maxime, la gendarmerie détient dans ses locaux depuis samedi 17 mars 2012, Jules Mamadou. Pourtant la plainte déposée concerne son frère, mais à défaut de mettre la main sur ce dernier, la gendarmerie a procédé à l’arrestation de Jules. Tous les deux sont journalistes et directeurs de publication.
Jules dirige le journal « Libération + », un journal qu’on ne voit d’ailleurs plus en kiosque à Bangui depuis longtemps. Son frère, Christian MAMADOU, est le directeur de publication du Journal L’Académie. Le plaignant n’est autre que le président de l’Assemblée nationale, Célestin Leroy Gaombalet. Il poursuit Christian Mamadou pour un article dont il estime qu’il porte atteinte à sa vie privée.
Christian est introuvable. Pour le contraindre à se livrer aux enquêteurs, ceux-ci ont arrêté et détiennent son frère.
Pourtant l’article dont il est question n’a jamais été publié. Le tort du journaliste poursuivi et recherché est d’avoir au contraire eu une réaction professionnelle : il reçoit un article concernant le président de l’assemblée nationale ; il prend contact avec ce dernier pour vérifier les faits avant toute publication.
Selon plusieurs sources, notamment dans le milieu des médias à Bangui, le directeur de publication de « l’Académie » a été convoqué par le procureur de la république qui l’a interrogé sur l’auteur de l’article. Autrement dit, il est question de l’amener à révéler sa source.
Marcel Mokwapi, président du GEPPIC (groupement des éditeurs de la presse privée indépendante), a rendu visite à Jules Mamadou : « il se porte bien, mais il est illégal de faire pression sur un journaliste afin de dévoiler ses sources ».
Quant à Christian Mamadou, il court toujours. Dimanche 18 mars, il a fait parvenir un sms à la rédaction de Radio Ndeke Luka : « je sais que des militaires déguisés en civil sont à ma recherche pour m’arrêter et m’amener à révéler ma source »