La défense de Jean-Pierre Bemba commencera à appeler ses témoins à partir du 14 août 2012, selon une décision rendue jeudi par les juges de la Cour pénale internationale (CPI).
« Le vrai procès va commencer le 14 août », a affirmé l’avocat principal de Jean-Pierre Bemba lors d’un entretien téléphonique avec l’agence Hirondelle. Les avocats du sénateur congolais ont l’intention de faire venir soixante témoins à la barre pour contrer les accusations de crimes contre l’humanité et crimes de guerre portées par le procureur.
L’accusation reproche à Jean-Pierre Bemba les viols, les meurtres et les pillages commis par les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qu’il avait envoyé en Centrafrique en 2002 et 2003 pour soutenir le régime de feu Ange-Félix Patassé, menacé par une rébellion.
Parmi ses témoins, la défense appellera plusieurs officiers et sous-officiers congolais et centrafricains, a indiqué maître Aimé Kilolo. Ils raconteront « ce qu’ils ont vécu sur le terrain, pendant quatre mois et demi. Ils étaient présents sur le théâtre des opérations, impliqués dans les trois principaux domaines d’opération militaire : la logistique, dont l’armement et les télécommunications, la gestion des opérations sur le terrain et le renseignement militaire, c’est-à-dire le repérage des activités de l’ennemi ».
Plusieurs victimes viendront aussi déposer. « Elles vont raconter ce qu’elles ont subi et vont citer les noms des auteurs des crimes. Ceux qui ont commis les crimes seront dénoncés publiquement », précise maître Kilolo, qui cite notamment les exactions commises par les soldats du général François Bozize, à l’époque chef de la rébellion conduite contre le président Patassé. Il est aujourd’hui le chef de l’Etat centrafricain.
L’avocat affirme qu’ « il y a eu beaucoup de dérapages dans les rangs des troupes du MLC, mais les crimes à grande échelle dont on parle n’ont rien à voir avec le MLC ». Le Mouvement, dirigé par Jean-Pierre Bemba, était venu, « comme d’autres forces étrangères, prêter son concours » à l’armée centrafricaine. Les officiers du MLC agissaient comme des chefs d’unité, affirme l’avocat, « le tout était orchestré par l’Etat-major général » de l’armée centrafricaine, placé sous l’autorité du président d’alors, Ange-Félix Patassé. Selon maître Kilolo, ce dernier n’a pas été interrogé par la défense avant son décès, en avril 2011.
Le procureur avait bouclé la présentation de ses preuves le 21 mars, après avoir appelé 40 témoins depuis l’ouverture du procès, le 22 novembre 2010. L’essentiel de ces dépositions ont été entendues à huis clos. La défense affirme que ses propres témoins comparaîtront publiquement. « Beaucoup nous ont dit que lorsqu’on on à dire une vérité, on n’a pas besoin de se cacher », conclut maître Kilolo.
Arrêté en Belgique le 24 mai 2008, Jean-Pierre Bemba est incarcéré dans la prison de Scheveningen, en banlieue de La Haye, depuis juillet 2008.