Alors qu’on est encore dans l’incertitude à Bangui, pour ce qui est des matchs préliminaires de qualification pour la CAN 2013 et le Mondial 2014, un joueur est au paradis. Il s’agit de Mapou Yanga-Mbiwa. Champion de France de football avec son équipe Montpellier, il est retenu dans la pré-sélection de l’équipe nationale en France en vue de l’Euro qui se joue le mois prochain en Pologne et en Ukraine.
Seul joueur à découvrir le cadre de France A, Yanga-Mbiwa se pince encore pour y croire vraiment. « C’est quand même énorme tout ce qu’il m’arrive cette saison, le titre, les Bleus… Cela me semblait inaccessible. Tout le monde me disait que j’allais être appelé un jour en équipe de France, alors je regardais les listes, mais je n’y croyais pas trop… ! »
Yanga-Mbiwa est né à Bangui, mais est arrivé en France à l’âge de huit ans, à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône). « La France m’a accueilli les bras ouverts, dit-il, avec une émotion non feinte. J’ai été à l’école, j’ai tout appris ici, la culture, le travail… Je suis à la recherche du très haut niveau, et c’est dans la logique des choses que je porte le maillot bleu. C’est en regardant la Coupe du monde 1998, que j’ai eu envie de faire un jour ce métier ».
Il est arrivé sur la pointe des pieds, malgré une réputation de déménageur de surfaces. Mapou Yanga-Mbiwa, capitaine du Montpellier champion de France, impressionne déjà bon nombre d’attaquants de Ligue 1 malgré son jeune âge (23 ans depuis le 15 mai dernier) et sa silhouette anodine, par le tranchant de ses interventions.
Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide : « Je suis là, mais pas encore dans les 23… Si je dois repartir dans quelques jours, ça ne fera rien. Je garderai tout le positif de cette convocation comme une bonne expérience pour la suite. De toute façon, je n’avais pas prévu d’être là, j’avais prévu des vacances, c’était logique, mais avec une assurance pour pouvoir annuler. » Il avait bien fait !
Comme il a bien fait de ne pas trop fêter le titre de champion obtenu avec Montpellier, le 20 mai dernier à Auxerre, histoire de ne pas arriver trop défait à Clairefontaine. « De toute façon, je n’aime pas trop faire la fête. On ne se réveille pas le lendemain, on n’est pas bien… La saison a été dure, mais j’ai encore du gaz. »
Reste à le prouver, à un niveau supérieur. Mais, avec huit défenseurs dans sa pré-liste, Laurent Blanc laisse entendre qu’il a déjà choisi Yanga-Mbiwa pour aller à l’Euro, puisque c’est le nombre de défenseurs généralement retenus pour une phase finale. « La concurrence est rude, pose, prudemment, l’intéressé, mais le coach est ancien défenseur. Je suis persuadé que je vais progresser avec lui. Je suis venu pour apprendre, car je n’ai pas encore le bagage suffisant. Je serai à son écoute, attentif à tout. »
A 23 ans, Mapou Yanga-Mbiwa découvre donc le groupe France. « Il le mérite», lancent en choeur son entraîneur et son président à Montpellier René Girard et Louis Nicollin. «C’est une suite logique», estime le sélectionneur des Espoirs, Erick Mombaerts, tandis que Rolland Courbis, l’entraîneur qui l’a lancé, affirme qu’un tel plan de carrière avait été «discuté» avec Michel Mézy et Pascal Baills dès ses débuts chez les pros en 2007-2008. Laurent Blanc ayant l’intention de doubler chaque poste, le défenseur sera vraisemblablement du grand voyage à l’Euro. Que peut-il apporter aux Bleus ? «C’est un vrai défenseur dans l’âme, dur sur l’homme et qui va vite», souligne Girard. «Il est très fort dans les duels. Il s’est construit autour de ce point fort», complète Mombaerts.
Avant de s’installer dans l’axe ces deux dernières saisons, Yanga-Mbiwa a successivement évolué à gauche et à droite. Courbis justifie son choix de l’époque par la jeunesse de son ancien poulain. «On savait qu’il jouerait dans l’axe, mais à 17-18 ans, c’était un peu tôt». Le technicien juge aujourd’hui cette polyvalence comme un atout. «Il connaît les particularités de tous les postes défensifs». Au point de l’imaginer s’imposer comme un titulaire… dans le couloir gauche pendant l’Euro.
Si Laurent (Blanc) l’essaye à gauche aux entraînements, je le vois bien créer la surprise.» Moins emballé par cette hypothèse, Mombaerts estime que «ça ne serait pas lui rendre service». Et s’il s’abstient de s’aventurer sur les chances de Yanga-Mbiwa de chambouler la hiérarchie, le sélectionneur des Espoirs rappelle que s’il figure dans cette pré-liste, c’est qu’il «a les qualités pour».
A-t-il seulement conscience qu’il fait rêver toute la RCA ?
(Rédaction Ndeke Luka et France Football)