Interdiction de sortie du territoire jusqu’à nouvel ordre pour les membres du gouvernement et certains hauts-fonctionnaires. C’est la décision prise en haut-lieu à Bangui, sans qu’on sache pour l’instant les raisons de cette mesure d’interdiction du territoire frappant des personnalités, pourtant appelés, de leurs fonctions, à voyager à l’étranger.
En l’absence d’une annonce officielle sur la question, Radio Ndeke Luka a pu néanmoins obtenir confirmation de cette information par des sources ayant toutefois requis l’anonymat.
C’est ainsi que ces mêmes sources expliquent le refoulement du ministre de la Justice, Firmin Findiro de l’aéroport de Bangui M’poko, le weekend dernier, alors qu’il devait se rendre en France pour des soins. Un responsable de la police des frontières, en l’occurrence le Commissaire de police de l’aéroport, lui avait notifié qu’il ne pouvait embarquer en application des instructions reçues. Il semble que le ministre a alors brandi une autorisation écrite (délivrée par quelle autorité ?) mais que la police exigeait de « la hiérarchie » des instructions verbales.
Radio Ndeke Luka a pu établir de manière sûre qu’effectivement une dérogation écrite a été délivrée au ministre Findiro à cause de son état de santé. Tout comme la radio est en mesure de révéler que ce dernier pourra s’envoler prochainement pour la France pour enfin aller se faire soigner.
Pour de nombreux observateurs, cette mesure d’interdiction de sortie du territoire prise à l’encontre du gouvernement de certains hauts-fonctionnaires, est un signe évident d’une perte de confiance du Président Bozizé dans l’équipe de ses principaux collaborateurs. Les rumeurs ayant défrayé récemment à propos d’un putsch avorté en préparation, l’animosité réelle ou supposée, mais dont tout le monde parle à Bangui, entre le ministre délégué à la Défense, Francis Bozizé, fils du président de la république, et l’ex-ministre d’Etat aux Finances, Sylvain Ndoutingaï, le neveu limogé récemment, la circulation en milieu de semaine dernière d’un faux projet de gouvernement, tout ceci n’est pas pour rassurer la population centrafricaine.
Quand cette mesure d’interdiction sera-t-elle levée ? Ou sera-t-il question de cas par cas pour chaque sortie ? Le président cherche-t-il à vérifier les informations qui lui parviennent, certaines portant sans doute sur des accusations graves ? Est-il en train de s’assurer de la fidélité de chacun ou cherche-t-il les preuves d’éventuelles trahisons ?
Des délégations ministérielles doivent se rendre avec le président Bozizé à Brazzaville au sommet de la CEMAC prochainement. Le mois de juillet sont prévues le sommet de Rio sur les changements climatiques, la conférence des ministres de l’Union africaine, suivi du sommet des Chefs d’Etat à Addis Abeba. Autant d’événements, et d’autres encore, auxquels doivent participer des délégations ministérielles centrafricaines.
Il y a quelques mois, ce sont les ténors de l’opposition qui étaient interdits de sortie. On se souvient à ce sujet des tribulations de Maître Nicolas Tiangaye, coordonnateur du Front pour l’Annulation et la Reprise des Elections de 2011 (FARE-2011), Martin Ziguélé, président du Mouvement de Libération du peuple Centrafricain (MLPC). Même le défunt président de la République Ange-Félix Patassé a été victime de ces instructions.
A présent ce sont les proches collaborateurs du président qui sont frappées par cette même mesure.
Qu’en sera-t-il finalement ? Que faut-il en conclure ?